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« Si l’olivier m’était conté »

La saga « Si l’olivier m’était conté », écrite par Jean-Marie Chauvet alias « l’oulivaire dé Piégoun », retrace l’histoire de l’olivier dans les Baronnies. Chaque année, un nouvel épisode est proposé.

Episode 1 :

« Autrefois quand venait le milieu de décembre dans le Nyonsais et les Baronnies les « olivettes » devenaient bruyantes, c’était le début de « l’olivaison », la cueillette était manuelle. Juché sur des échelles, parfois curieuses, il fallait tirer sur le « brou » pour faire glisser les olives noires dans le panier posé autour du cou, malgré le froid aux doigts, l’ambiance régnait, on chantait, on était heureux du travail bien fait. Puis la récolte prenait la direction des marchés locaux, Nyons, Buis les Baronnies, Mirabel aux Baronnies qui fut le dernier en exercice, « la belle noire » était réservée aux confiseurs, les « petites » allaient pour l’huile.
Les coteaux à perte de vue de « Tanche » aux feuilles argentées bruissaient au vent, on vivait bien de l’olive, mais les choses changèrent. Février 1956 fut funeste pour notre arbre roi, le 2 février, jour de la Chandeleur, le thermomètre descendit en flèche -5, -8, -10 les oliviers commencèrent à souffrir, puis -15, -19 ce fut le coup de grâce, pour eux qui avaient monté la sève à cause d’un mois de janvier plus que chaud, la sève gela, ils éclatèrent, à les voir elles en pleuraient nos chères «Tanche ». Une grande partie des « olivettes » furent perdues, ce fut pour nos Baronnies le malheur dans les chaumières. Que faire ? Certains abandonnèrent l’olivier, pour la vigne et l’abricotier… Mais d’autres résistèrent, ils étaient profondément attachés à leur arbre de toujours, ils recépèrent, replantèrent avec l’aide de l’Etat. Mais après une telle catastrophe la profession avait besoin d’être soutenue, une poignée d’hommes eut l’idée généreuse de créer la « Confrérie des Chevaliers de l’Olivier de Nyons ». Par son rayonnement en France à l’Étranger avec ses chapitres, elle fit connaître l’olive, la renaissance d’un produit qualitatif était en marche… Et à nos jours elle continue à mettre en valeur notre « Tanche » toujours en respectant le chemin que nous ont tracé nos aînés. »

GLOSSAIRE :
Olivettes = champs d’oliviers
L’olivaison = Période de cueillette des olives arrivées à maturité
Brou = rameau d’olivier
Tanche = Variété d’oliviers présente depuis longtemps dans le Nyonsais et les Baronnies
La belle noire = Grosse olive pour la bouche
Les petites = Petite olive destinée uniquement à la fabrication de l’huile de Nyons

Episode 2 :

Souvenez-vous l’an passé nous en étions restés à la création de notre Confrérie des Chevaliers de l’Olivier par une poignée de visionnaires bien inspirés, car après le désastre du gel de 1956, les Baronnies et le Nyonsais étaient sous le choc, plus d’olives, plus d’huile à vendre… Tant bien que mal certains oléiculteurs reprirent le collier, ils aimaient tellement leurs arbres roi qu’ils recépèrent, replantèrent, mais on ne retrouva plus jamais les vertes collines argentées de nos grands-parents. Petit à petit les olivaisons revinrent, mais le prix de vente restait au plus bas. Que faire ? Certains se découragèrent en plein de l’olivier… Encore une fois il fallait réagir fermement, revaloriser le prix de l’olive et de l’huile, par le biais du « Syndicat de la Tanche » et des autorités locales on lança encore une fois une bonne idée : la mise en place d’une appellation d’origine pour les Olives et l’huile de Nyons AOP. Cela fut long, il fallait convaincre tellement d’instances officielles, mais on y arriva avec un décret pris par l’INAO le 10 janvier 1994. Enfin les olives et l’huile de Nyons étaient reconnues, elles étaient protégées, les oléiculteurs du Nyonsais des Baronnies, les soixante communes délimitées géographiquement, répondant à la charte élaborée par la profession, pouvaient enfin voir des temps meilleurs, les prix reprirent de la couleur. Cela mis fin à des transactions incompréhensibles par des producteurs peu délicats envers notre olivier, qui vendaient sur pieds les plus beaux spécimens qui avaient résisté au gel. Quelle fut la peine de voir des antiques Tanches partir sur de gros camions vers des destinations azuréennes pour agrémenter des villas de riches… Mais grâce à la ténacité et le professionnalisme du Syndicat de la Tanche, et aussi avec le rayonnement de la Confrérie à travers le monde au cours de ses chapitres qui intronisaient beaucoup de personnalités, afin de faire connaitre l’olive et l’huile de Nyons. La « Perle noire du Nyonsais » devint une vedette sur toutes les tables, on dit même qu’elle est la meilleure du monde. Sans être chauvin, essayer de faire une olive de table, avec n’importe quelles olives du monde ! Et bien chapeau si vous arrivez à la hauteur de la Perle du Nyonsais, c’est impossible.
D’ailleurs pour les sceptiques nous les invitons à venir partager ce fruit du Nyonsais au cours de nos nombreuses fêtes à la gloire de notre Tanche : Fête de l’olive piquée 15 jours avant Noël à Nyons, l’huile et l’olive en fête en janvier à Buis les Baronnies, la fête de l’Alicoque (fête de l’huile nouvelle) début février à Nyons, les olivades en juillet à Nyons (On notera ici que nous regrettons à cause de la pandémie nos fêtes qui en ont fait les frais). Amis touristes, venez parcourir le célèbre « Sentier de l’olivier à Nyons » pour découvrir sa culture, visiter le Musée de l’olivier à la Coopérative de Nyons et bien sûr faites un passage chez les moulins… A ben lèu (A bientôt)

Episode 3 :

Souvenez-vous, notre dernière saga sur l’olivier remonte avant la pandémie. Nous avons eu une grande peine avec la disparition de notre Grand Maître Christian Bartheye qui fut notre guide pendant onze ans. Ainsi ces tristes évènements ont fait « tourner notre Confrérie au ralenti ». C’est fait, nous reprenons le collier avec l’élection d’un nouveau Grand Maître Vincent Coupon, un pur Nyonsais de souche, le septième Grand Maître depuis la création de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier de Nyons en 1964. Nous œuvrons à nouveau pour vous proposer nos chapitres habituels à Nyons, Buis les Baronnies… Présenter nos chapitres avec la « perle noire » AOP du Nyonsais, où elle est toujours d’actualité. « L’impétrant doit impérativement taster notre olive issue de notre olivier emblématique la Tanche, solennellement on lui fait lecture du serment qui va l’engager devant la Confrérie et notre olivier : ‘Avec joie, j’accepte de faire partie de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier. Je promets, par mes paroles, mes écrits, mes actes de me conduire en franc chevalier, de défendre l’Olivier et toutes les vraies richesses, matérielles qu’il nous apporte ; de pratiquer les vertus qu’il représente, d’aider dans toute la mesure de mes moyens, à la maintenance et à la promotion de sa culture ; d’œuvrer pour l’Olivier, nourriture et lumière ; pour l’Olivier, symbole d’abondance, de sagesse et de paix, symbole de vie’. En répondant « J’accepte » il rentre dans notre noble institution et il devient un ambassadeur de notre olivier et rejoint les 2000 chevaliers de l’olivier répartis à travers le monde ».

Cette saga s’arrête sur cet acte majeur d’engagement du nouveau chevalier envers notre olivier. Ainsi notre arbre généreux, éternel que nous tenons tellement à respecter, restera dans la mémoire de nos nouveaux chevaliers, c’est ce que nous espérons. Pour finir le rédacteur vous souhaite à tous ses meilleurs vœux pour 2023, toujours sous la protection de notre olivier !

L’oulivaire de Piégoun (l’oliveur de Piégon en Drôme Provençale)

Texte diffusé dans les voeux 2023 de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier de Nyons