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Nyons et sa Confrérie des Chevaliers de l’Olivier, en 1965.

couverture n°1 bulletin municipal de Nyons et blason 1965 Nyons comptait alors 4 480 habitants… Le premier « Bulletin Officiel Municipal » se présentait comme une « Revue d’information municipale, économique et touristique ». Nous sommes vraisemblablement en 1965, et ce numéro un est une aubaine pour  évoquer – entre autres curiosités – la naissance de la « Confrérie des Chevaliers de l’Olivier ». René Duchet, alors Président du Syndicat d’Initiative, nous gratifie d’un article passionné et passionnant titré :

 Nyons dans la nouvelle expansion du Tourisme

« Quelle est la place de Nyons et du Pays Nyonsais dans cette nouvelle expansion du tourisme ? Nous pensons que les chances de notre région dans les perspectives touristiques qui s’ouvrent sont très grandes : pays de vocation agricole, touristique et climatique, Nyons dispose, en ce domaine, d’atouts majeurs.

Atouts majeurs :

Son climat privilégié, véritable micro-climat caractérisé par la luminosité de son ciel, par l’ensoleillement presque constant – le nombre des heures d’ensoleillement, dans l’année, dépasse celui de la Riviera – par la douceur de la température moyenne      hivernale, par la légèreté   de l’air qui fait que, même au cœur de l’été, la chaleur n’y est jamais accablante ;

Le charme de son site et de ses paysages, qui, avec leurs oliviers et leur cyprès rappellent si bien la campagne florentine ;

La qualité de ses produits dont certains, comme l’olive noire, sont parmi les meilleurs du monde et portent déjà loin, hors de nos frontières, le nom et l’image de Nyons, de ses oliveraies et de son soleil.

« Ensouleiado tou lan », au soleil toute l’année, Nyons devient une véritable station touristique toutes saisons.

Atout majeur enfin, les courants déjà amorcés et convergents vers notre région à partir des très importants marchés touristiques que constituent Lyon et l’agglomération lyonnaise, Saint-Étienne et Grenoble.

Nous ne devons pas penser seulement vacances d’été ou d’hiver. Les déplacements du week-end, les loisirs hebdomadaires, les « ponts » se multiplient et entrent dans les mœurs. Le vaste complexe industriel qui naît près de nous, Pierrelatte et la vallée industrielle du Rhône,   nous offre une nouvelle clientèle, à la recherche de lieux de détente et de relaxation, à proximité du travail (séjour de week-end, résidences secondaires…)

Ainsi donc, non seulement notre région compte dans sa clientèle des touristes venus des diverses régions de France et de l’étranger (notamment de Belgique, de Hollande et d’Allemagne), mais elle a la chance d’avoir, à ses portes, de grands marchés touristiques tournées naturellement vers elle.

 

Le rôle du syndicat d’initiative

Les avantages naturels ne suffisent pas, il faut qu’on les connaisse, il faut qu’ils soient mis en valeur. Il faut que l’information et l’accueil du touriste soient assurés.

Se consacrant au développement du tourisme, le Syndicat d’initiative travaille pour la prospérité du pays. S’efforçant de faire connaître et de mettre en valeur ses ressources naturelles, d’accroître son rayonnement, de donner de nouveaux attraits et de nouveaux agréments à la cité, il intéresse tous ceux qui l’habitent. Ses tâches sont nombreuses et importantes et vont revêtir, du fait de l’évolution à laquelle nous assistons, une importance plus grande encore. Son travail n’est pas toujours spectaculaire, il n’en est pas moins des plus utiles lorsqu’il répond, par exemple, à longueur d’année, à des lettres de plus en plus nombreuses demandant les renseignements les plus divers… Service d’intérêt public, le Syndicat d’initiative est devenu, en fait, un véritable service public.

 

L’amicale Lyonnaise

Les Lyonnais affectionnent Nyons pour sa situation privilégiée, à l’abri du Mistral, pour la luminosité de son ciel, pour son soleil. La clientèle lyonnaise est une des plus importantes pour les hôteliers nyonsais et le nombre d’appartements, de pavillons de vacances, de villas, de demeures de retraités occupés par des Lyonnais, augmente d’une année à l’autre.

Sous la présidence d’honneur du Maire de Lyon et du Maire de Nyons, une amicale a été créée, groupant les Lyonnais et les habitants de l’agglomération lyonnaise qui viennent à Nyons comme touristes, hivernants ou estivants, ou, venus en touristes, y ont élu domicile.

L’Amicale se donne pour mission d’entretenir et de développer les rapports d’amitié entre Lyonnais et Nyonsais et de rendre plus agréable encore le séjour des Lyonnais à Nyons et de favoriser le développement des relations économiques, touristiques et culturelles entre la grande agglomération lyonnaise et le pays nyonsais.

 

Sous le signe de l’olivier

Nyons, son soleil, ses olives, dire celà c’est évoquer tout le pays nyonsais, avec ses olivettes bien sûr, mais aussi avec ses cyprès, ses grenadiers, ses vergers d’abricotiers et de cerisiers, ses vignes et ses lavandes. L’olivier est bien le plus clair et le plus évocateur symbole de notre région.

Faire connaître les agréments du climat, la beauté des sites et des monuments, les vestiges du passé, oui sans doute, mais il n’importe pas moins d’appeler l’attention sur les activités présentes, sur les produits typiques, sur les produits de qualité, de la terre, de l’artisanat et de l’industrie.

Mieux faire connaître ces produits, leur ouvrir de nouveaux débouchés, c’est servir à la fois la production locale et le tourisme et, quand il s’agit de produits naturels, de qualité biologique comme nos olives, par exemple, c’est, au moment où le marché est de plus en plus envahi par des produits dénaturés, de plus en plus sophistiqués, servir l’intérêt même des consommateurs, aide à la sauvegarde de la santé publique.

Il faut que l’on sache notamment que l’un des produits les plus représentatifs de cette qualité, l’Olive Noire de Nyons – la reine des olives noires – cueillie en pleine maturité, préparée simplement au sel marin, à la grecque, est un produit naturel qui nous apporte les bienfaits de la terre, du soleil et de la mer.

 

Foire, expositions

Pour faire connaître nos produits régionaux, le Syndicat d’Initiative tient un stand d’exposition à la foire de Montélimar et à la foire de Lyon. Il est à noter aussi que la « Confrérie des Chevaliers de l’Olivier » a été invitée à la dernière foire gastronomique internationale de Dijon où Nyons et ses olives ont été à l’honneur.

 

Le Pavillon du Tourisme

Le Pavillon du Tourisme, construit par le Municipalité, est une très belle et très utile réalisation qui rend plus agréable et plus efficace la tâche d’information et d’accueil du Syndicat d’Initiative et met très heureusement en valeur, dans une salle d’exposition permanente, la production régionale. De lignes très pures, dans un style Provençal, avec ses vieilles tuiles roses, il s’intègre très harmonieusement dans le cadre de cette Place de la Libération qu’il contribue à embellir encore.

 

Les Olivades

Le Corso de Pâques, organisé par le Comité des Fêtes, attire chaque année une très grande affluence de visiteurs. Il constitue, sans doute, un des plus beaux festivals de printemps dans toute la région.

En vue de « meubler » la saison d’été et de faire à la production régionale le maximum de publicité, le Syndicat d’Initiative a organisé les « Olivades », fêtes internationales de l’Olivier, placée sous le haut parrainage des Ambassadeurs des pays de l’olivier.

En 1964, c’est festivités ont duré quatre jours et ont comporté une partie économique – exposition de matériel agricole, le matériel de camping, concours agricoles… – une partie artistique et folklorique (avec participation de groupes grecs, italiens, espagnols, portugais et provençaux) et un concours de poèmes et chansons, contes et nouvelles « Le Rameau d’Argent ».

Des circuits touristiques, organisés avec guides, ont fait connaître à nos visiteurs les routes du vin, de l’olivier et de la lavande.

La presse régionale, la presse parisienne, la presse étrangère même ont parlé de ces fêtes ; le « New-York Times », notamment, y a consacré un article de quatre colonnes illustré d’une vue générale de Nyons. La radio et la télévision en ont retransmis les scènes les plus typiques. Un disque-souvenir, avec des chansons à la gloire de l’olivier, a été enregistré par Mathé Altéry, Anne-Marie Peysson, Jacques Morel et Henri Genès.

Si le but d’un Syndicat d’Initiative doit être d’appeler l’attention sur le pays, ses agréments, ses produits de qualité, il est certain que les « Olivades » ont atteint ce but.  http://www.ina.fr/video/I07058694 (Mathé Altéry et le Grand Orchestre de Raymond Lefebvre 16 mars 1967)

« Nous garderons un souvenir inoubliable de ces fêtes et de notre séjour à Nyons », écrivait la Présidente du Groupe Grec, au lendemain des « Olivades ».

« Je suis certain que tout cela sera profitable à Nyons », écrivait M. le Professeur J. Brun.

Et M. Ravanel, Commissaire National au Tourisme : « Je suis sûr que vos fêtes ont très utilement servi le prestige français et la renommée de votre province, en France et à l’étranger. »

 

La « Confrérie des Chevaliers de l’Olivier »

Créée en juillet dernier, au cours des « Olivades », la Confrérie qui a pour président d’honneur Jean Giono, pour Grand protecteur, M. Pierre Bonnet, Directeur des services français de l’Oléiculture et comme Grand-Maître, le général de Vernejoul, Président de l’Institut technique national du Vin, s’est donné pour mission d’apporter tout le soutien possible à l’oléiculture et au culte de l’olivier ; culte de l’olivier avec toute la richesse, toute la noblesse, tout le rayonnement de son symbolisme d’une portée universelle.

Notre olivier, c’est celui qui s’érige sur nos collines, bien sûr, mais c’est aussi, c’est en même temps, celui de Sophocle, « l’arbre invaincu qui revit de lui-même et sur qui veille, nuit et jour, l’étincelant regard d’Athéna », c’est celui qui donna à la colombe son rameau d’espérance, c’est l’olivier de Renoir, à travers le feuillage duquel « la lumière brille comme du diamant », c’est l’olivier de Giono , vivant de toute la vie des collines ; c’est celui dont le message de sagesse et de beauté, d’amour fraternel et de paix s’adresse à tous les hommes.

D’éminentes personnalités de la Diplomatie du monde agricole, du journalisme, des sciences, des Lettres & des Arts, ont été intronisés au cours des « Olivades » et figurent parmi les dignitaires de la Confrérie :

S.E. M. Huang Chen, Ambassadeur de Chine à Paris, les Consuls généraux à Lyons et à Marseille, d’Espagne, d’Italie, de Grèce, de Turquie, d’Israël. M. Portela, Ministre plénipotentiaire d’Argentine à Paris. M. Daham, premier conseiller de l’Ambassade d’Algérie. MM. Bellet, Ingénieur général de l’Agriculture ; Renaud, Chef du centre oléicole du Maroc ; Bonjean, Président national de la Mutualité Agricole ; Vérillon, sénateur, Président du Comité du Tourisme ; Mallein, Président de la Chambre d’Agriculture ; Brétouze, Président de la FNSEA ; Brémond, directeur du Progrès ; Richerot, directeur du Dauphiné ; Madame Germaine Montéro, M. Falqué, président de la Fédération des Syndicats d’Initiative de France et d’Outre-Mer ; MM. les professeurs J. Brun et Tapernoux…

Le grand chapitre d’hiver, qui a eu lieu le 3 décembre à Paris, au Plessis-Robinson, dans les salons du Président d’honneur de l’Union Fraternelle de la Drôme à Paris, Monsieur Chauvin a donné à cette confrérie, dont on peut dire qu’elle est unique en France et, sans doute, dans le monde, une très brillante consécration parisienne.

C’est Maurice Genevoix Secrétaire perpétuel de l’Académie Française qui, le premier, prononça le serment : « Avec joie j’accepte de faire partie de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier. Je promets, par mes paroles, mes écrits, mes actes, de me conduire en fidèle et franc chevalier, de défendre l’olivier et toutes les vraies richesses, matérielles et spirituelles qu’il nous apporte. De pratiquer les vertus qu’il représente, d’aider, dans toute la mesure de mes moyens, à la maintenance, à la promotion de sa culture, d’oeuvrer pour l’olivier – nourriture et lumière – symbole d’abondance, de sagesse et de paix. »

Puis, après avoir, à leur tour, dégusté une olive et bu à la même coupe, le vin de nos côteaux ; après avoir été « adoubés » par le Grand-Maître « armé » de son rameau d’olivier et reçu l’accolade rituelle, les personnalités suivantes revêtirent le grand cordon de l’ordre vert-argent, portant en sautoir la médaille au rameau symbolique :

S.E.M. Usakligil, Ambassadeur de Turquie à Paris ; S.E.M. Taleb Chaïeb, Ministre délégué d’Algérie ; M. Rocanas, Consul de Grèce à Paris. MM. J-B Dupont, Directeur général de l’ORTF ; P. de Boisdeffre, Directeur général de la Radiodiffusion ; Paul Guth ; Dandine, Directeur des industries agricoles et de l’organisation économique au Ministère de l’Agriculture. Mesdames Corinne Marchand, Anne-Marie Carrière. Le peintre Touchagues, le cinéaste Léonide Moguy, Jacques Dacqmine du Théâtre de France ; Michel Renault de l’Opéra. MM. Zuppinger, Directeur général de la Maison Maggy-Rouff. Gaston Reynaud, Président de l’habitat rural. A. Chauvin, Président d’honneur de l’UFDP. Greffe, Président; Mme Tiziou, Présidente-adjointe ; le Général Gardon, M. Queneau, Président-Directeur général de « Sigolive ».

Danses folkloriques, poèmes et chansons du « Rameau d’Argent », magnifiquement interprétés par Germaine Montéro, Corinne Marchand, Jacques Dacqmine et Francisco Grandey… et présentation par les mannequins de la Maison Maggy-Rouff, de la collection « Olivades », succédèrent aux intronisations… L’olivier n’est-il pas aussi symbole de beauté et d’éternelles jeunesse ? Onze magnifiques modèles dont les noms rappelaient tous l’olivier furent présentés : « Pousse d’olivier », « Olive noire de Smyrne »… et les plus admirés : « Olive Noire de Nyons » (longue robe noire) et « Blanche colombe » ( robe de mariée).

Un buffet spécifiquement drômois, offert par la Chambre d’Agriculture de la Drôme, préparé et servi par l’Union Fraternelle de la Drôme à Paris, sous la direction de la dévouée présidente Mme Tiziou, permit aux parisiens d’apprécier olives de Nyons, saucisson de Chabeuil, pâté de grive, pâté de lièvre, picodons, fruits, pognes de Romans, suisses de Valence, pâtes de fruits de Nyons, nougat de Montélimar, et, Vinsobres, Hermitage, Clairette de Die…

Pour se rendre compte de la portée de telles manifestations et du prestique dont jouit la Confrérie, il n’est que de parcourir son Livre d’Or.

C’est l’ambassadeur de Turquie écrivant : « Je considère comme un privilège de devenir Chevalier de l’Olivier » et Paul Guth : « Je remercie les Chevaliers de l’Olivier de m’avoir fait le grand honneur de m’admettre dans leur éblouissante confrérie. »

Combien significative et émouvante aussi cette lettre de Mme Palatino, Secrétaire générale de la Société folklorique grecque de Corfou, s’excusant de n’avoir pas pu assister à ce Chapitre : « Notre pensée était parmi vous et, portant votre insigne de chevalier que vous avez eu la gentillesse de nous remettre au cours des Olivades, nous avons levé notre verre et bu à votre santé, à celle de tous nos confrères et nous avons crié, encore une fois, vive la France, vive Nyons ! »

« Nyons, station climatique de premier plan, doit avoir une renommée internationale, sur le plan climatique et aussi sur le plan touristique ». affirme le professeur J. Brun, de la Faculté de Médecine de Lyon.

Nous pensons aussi que ce pays doit avoir, dans la nouvelle expansion du tourisme, une très grande place. Il faut qu’il ait toute la place qu’il mérite.

 

René Duchet

Président du Syndicat d’Initiative de Nyons